Libres de jardiner devant la prison
Devant le Pen-Kaill, bateau qui va être bientôt repeint, les bénévoles de Liorzhou préparent le terrain en présence des partenaires que sont le Spip 56 et l'Association éducative, sportive et d'aide aux détenus.© Ouest-France
L'idée a germé voici 3 ans. Elle va éclore la semaine prochaine. En 2008, une stagiaire du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip 56) interroge les plus âgés des détenus du centre pénitentiaire de Ploemeur, souvent des fins de longue peine, sur leurs occupations en cellule.
« Cette étude a montré que ce public, pour ne participer à aucune formation professionnelle ou activité sportive, se marginalise », observe Yannick Royer, directeur adjoint du Spip. Des plus de 55 ans qui parfois ressentent « des craintes par rapport aux détenus plus jeunes. Aussi préfèrent-ils rester au calme, enfermés dans leur cellule, renfermés sur eux-mêmes »...
Une première en France
La même stagiaire avait aussi sondé leurs souhaits d'activité : « Ils avaient majoritairement plébiscité le jardinage. Pour le grand air, les légumes... » Qu'à cela ne tienne : ils jardineront ! Pas dans l'enceinte de la prison, où un projet de jardin intérieur a fait long feu, mais sur une parcelle de 300 m2 devant l'établissement, autour du bateau, au vu et au su de tous.
À raison d'une heure trente par semaine, trois détenus, dans un premier temps, vont jardiner avec les conseils d'Yvonne Guého et des bénévoles de l'association Liorzhou. Pas de surveillant pour les garder : « C'est le premier jardin extérieur à une prison et nous leur faisons confiance. L'objectif, insiste Yannick Royer, est de les remettre en condition d'activité, à reprendre confiance dans leurs capacités. »
Si le Spip s'est associé à Liorzhou, « c'est parce que cette association a une éthique ». De fait, grâce son jardin partagé, sa bourse aux jardins ou son groupement de consom'acteurs, elle oeuvre « à recréer des liens à travers le jardin. Avec eux, nous allons appréhender le jardinage des différents sols et semences jusqu'à l'assiette », promet Yvonne Guého.
Au menu : du chou de Lorient, de la pomme de terre rouge de Caudan, des artichauts, de vieilles espèces de tomates ou encore des fleurs comestibles. L'occasion de redécouvrir des sens peut-être assoupis, comme le toucher, l'odorat et, bientôt, le goût...
Yvan DUVIVIER. Ouest-France
